Bernadette Appert, un petit bout de comédienne comme on les aime, dynamique, drôle, qui en un instant transporte son auditoire médusé, et complice, d'un univers à l'autre. Cette fois, on pousse des lamelles de plastique pour pénétrer dans un abattoir. Bernadette surgit, interpelle le public, elle va raconter une histoire d'amour, analyse Barbe Bleue, veut aller voir derrière la porte, décrire les violences de l'amour, ses trahisons inévitables. Comme toujours, Bernadette parle à la fois de façon philosophique et très réaliste, construit un monde cru, et onirique. Un peu autobiographique aussi. Une totale mise à nue.

RÉFLEXIF

Une petite fille se raconte, ses parents lisent la Voix du Nord, la rubrique nécrologique, elle invente des histoires en revenant de l'école, et elle cherche sa mère, dans l'abattoir de volailles, à Courrières, dont ses parents sont propriétaires. Les plumes volent, les chaînes se balancent, les souvenirs affluent, une enfance pas comme les autres. Bernadette a travaillé, crée, écrit, mis en scène, cette histoire cruelle avec Elise Vigier (Théâtre des Lucioles) et en présente aujourd'hui une maquette au théâtre de l'Hippodrome douaisien, qui soutient le projet. Une ébauche qui donne envie de découvrir le spectacle achevé. La scénographie, déroutante, baroque, les lumières, clairs-obscurs, éblouissement, noir total, le son, intimiste ou vraie fête foraine, et bien sûr, le jeu de la comédienne, époustouflant, font de cette riche collaboration, une vraie réussite ! Un récit fragmenté, mais qui ne perd jamais le spectateur, des impressions fugaces et des sentiments forts, l'introspection et un humour grinçant se rassemblent en un spectacle marquant (on se retrouve à compter le nombre de portes que l'on ouvre dans une journée !), qui parle de la mort, mais avec tendresse, dérision, jamais sordide. Espérons que les programmateurs de la région nous permettront vite de voir la suite !

zaoum.jpg