D'emblée, le synopsis du film ne laissait guère de doute sur la dureté du sujet et son caractère polémique. Tami, 22 ans, vit en couple avec Moshe, de trente ans son aîné. Le détail a son importance : l'homme et la femme sont aussi père et fille. En la soumettant à son bon vouloir, Moshe lui met une pression permanente. Complètement sous l'emprise du manipulateur, elle se rend malade pour pouvoir lui plaire. Et commence à défaillir quand elle sent la présence d'une autre femme dans sa vie. Boulimie, vomissements forcés et rituels de scarifications lui servent à exorciser son mal-être...

Déjà remarquée par un premier long (Mon Trésor), la réalisatrice israëlienne Keren Yedaya revient avec un scénario en chausse-trappe, qui aurait nécessité d'avancer avec plus de subtilité que ce que révèle le résultat final, brutal, dérangeant et finalement vain. Le long-métrage cultive les paradoxes en suggérant une approche distanciée dans ses premières scènes qui enchaînent les non-dits. Puis rentre carrément dans le vif du sujet en n'épargnant personne, et surtout pas son héroïne (incarnée par l'actrice Mayaan Turjeman, sur le fil). Les scènes de sévices brutes et sans fard s'imposent face à celles qui suggèrent plus qu'elles ne montrent, témoignant d'une violence psychologique toujours plus forte. La caméra se fait intrusive et le spectateur assiste impuissant à cette descente aux enfers en vase clos, qui ne laisse que peu de place aux personnages tiers (sauf dans sa dernière partie), rendant l'atmosphère encore plus étouffante.