L'ombre d'un mensonge

Rempli des envies de Bouli Lanners de réaliser un film dans l'Ecosse qu'il fréquente depuis longtemps, L'ombre d'un mensonge déploie un rythme volontiers lent, traversé des paysages si chers aux yeux du cinéaste belge depuis ses débuts de peintre. Entre plages et landes battues par les vents, l'écriture de cette chronique sentimentale entre deux grands empêchés vagabondent lentement dans les mouvements plus que dans les mots. Oscillant entre description d'une communauté insulaire pétrie de traditions et portraits de deux cœurs coincés dans leurs solitudes, le film scrute dans les gestes ce que la rareté des mots n'exprime pas. Au fil d'un récit qui prend sciemment son temps pour laisser se déployer la singularité du décor autant que le trouble et la retenue des personnages, l'acteur-réalisateur y déploie un grand sens du cadre autant qu'une finesse d'écriture et d'interprétation dans un échange discret et intense avec une Michelle Fairley tout autant en retenue. Dommage toutefois que le titre français se montre plus évocateur que la version anglaise (Nobody has to know) induisant de fait, une attente différente.