Antigone, sa sœur, s'est depuis longtemps taillée une place sur les bibliothèques et dans la tête de bien du monde, mais Ismène, sœur survivante de la famille maudite par le destin intéresse beaucoup moins. Sortie de l'ombre par Lot Vekemans, le personnage, au fil d'un long monologue raconte le tragique destin de sa famille (fille d'Oedipe et sœur de Polynice et Etéocle qui se sont entretués, sa sœur Antigone se suicide quant Créon lui interdit d'aller enterrer leur frère, laissant Ismène seule) et se raconte. Sans guère d'artifices - à peine quelques notes d'une musique subtile et une discrète projection vidéo -, une scénographie sobre laisse à Patricia Pekmezian un bel espace d'expression.
Conduite par Arnaud Anckaert, la comédienne y délivre un monologue saisissant. A la fois mythologique et universel, le texte de Lot Vekemans, transmet la force du destin d'Ismène tout en le rendant très contemporain. Une démarche qu'accompagne très bien la mise en scène discrète et minutieuse d'Arnaud Anckaert. Nul besoin de connaître l'histoire originelle, dans la bouche de l'actrice, ce destin de femme devient très actuel, résonnant étonnament dans le monde d'aujourd'hui. Arnaud Anckaert et son équipe s'en emparent avec brio pour en donner une vision elle aussi moderne et très pertinente, loin des paillettes. Un spectacle qui poursuit la recherche menée par le théâtre du Prisme autour de la famille et des questions qui la traverse.