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théâtre

Les héros sont fatigués…

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Antigone de Sophocle mise en scène par René Loyon à l’Idéal de Tourcoing 

C’est à un huis clos plus que minimaliste et en noir et blanc que nous convie le metteur en scène et acteur René Loyon. Pas de décor, sommes-nous dans un tombeau, une prison, un espace mental ? Ce dépouillement extrême qui donne au texte toute sa force pêche un peu par excès d’austérité. Il manque ici un je-ne-sais-quoi pour faire décoller le spectacle et le placer là où il est vraiment, c’est-à-dire dans la tragédie pure. On attend en vain de cette extraordinaire histoire d’amour filial, de mort et de transgression des codes sociaux un souffle qui nous ferait basculer dans l’émotion la plus totale en accord avec l’irrationnel et le surcroît d’affectivité qui irrigue ce drame antique dont René Loyon a voulu, en éliminant tout pathos, nous faire sentir ce qu’il avait de contemporain. Soulignons tout de même que ce spectacle fut créé dans un théâtre de poche et que l’extrême simplicité qui fonctionne dans un espace intimiste et la proximité avec le public sont complètement occultés sur un grand plateau.  

Je n’ai ma place ni chez les morts ni chez les vivants. (Antigone)
S’il fallait résumer la trame d’Antigone que Sophocle écrivit aux alentours de 441 av. J.C., on pourrait dire qu’en privilégiant les liens du sang et en défiant l’interdit de Créon, roi de Thèbes, pour offrir une sépulture à Polynice, son jeune frère proscrit, Antigone, condamnée à mort par le tyran Créon bouleverse l’ordre des choses…

Epreuve du pouvoir, condition féminine, poids des conventions sociales et des traditions religieuses, critique de la tyrannie, idéalisme contre realpolitik… Antigone pose la question des racines du mal, de la résistance, de la place des hommes dans l’univers face à la mort et au comment vivre ensemble tout en restant fidèle à ses convictions. Créon le tyran est interprété par un René Loyon qui donne une épaisseur à la pièce qui repose uniquement sur le jeu des acteurs. Il est entouré d’Antigone (Marie Delmarès), rebelle illuminée pas tout à fait à la hauteur de son personnage, de Claire Puygrenier, émouvante Ismène, d’Yedwart Ingey, assez crédible dans ses trois rôles (garde, Tirésias et messager), et de Jacques Brücher qui assume plutôt bien la tâche difficile d’incarner le chœur et le Coryphée.  

Publié le 30/05/2010 Auteur : Françoise Objois

Jusqu’au 5 juin 2010. Théâtre de l’Idéal, rue des Champs, Tourcoing. Tél.03.20.14.24.24.

  


Mots clés : théâtre