Les rêves dansés de Babacar Cissé

L’occasion pour le public d’entrevoir une partie du cheminement qui fait naître une œuvre chorégraphique, dans la peau du témoin d’un "Work in Progress"... un travail bien particulier car effectué avec la collaboration, la bienveillance et même la complicité du personnel du Pôle Evasion, structure hybride, à l’image de son architecture, contemporaine et inclassable. Chapeautée par la mairie, le Pôle a ouvert ses portes il y a trois ans avec l'ambition de mettre en avant les pratiques artistiques amateurs. L’idée, explique Pascal Blanchon, la quarantaine souriante, directeur du pôle, c’est de développer «  un côté labo, expérimental », et de « placer la dimension humaine et sociale au cœur du projet ». Traduction en actes : le pôle ne privilégie pas la diffusion, mais la création. Il se fait ressource pour la population et est investi à longueur d’années par les acteurs culturels locaux, les écoles, les associations. Des usagers qui profitent d'ailleurs à plein des équipements : studio d’enregistrement, salles de répétition, salle de spectacle modulable, outillage informatique de pointe.

La logistique, c’est en partie ce qu’est venu chercher Babacar Cissé, alias Bouba, directeur de la compagnie Les Associés Crew, ancrée dans le milieu hip hop depuis une dizaine d’années. C’est « le bel espace » du pôle qui a fait naître l’envie de s’y installer en résidence, mais aussi le côté humain de « l’équipe dynamique, avec laquelle j’ai envie de faire évoluer une relation ». C’est une rencontre, donc, avec l’équipe, avec les deux écoles de danse d’Ambarès (à travers des ateliers), une relation aussi, qui fête ses trois ans, et soutient tout le projet. Un projet qui va au-delà de la résidence, puisque c’est une demande de Compagnonnage avec le Pôle qu’a émise la compagnie : un cadre qui correspond à un vécu au quotidien avec tous les acteurs du lieu, fréquenté par Les Associés depuis la programmation en 2009 du syndrome de l’exilé.
C’est cette relation de proximité que la Compagnie comme le pôle mettent au cœur du projet et qui motive la présentation de Just a Dream lors de la soirée de fin de résidence. L'idée ?  « Montrer les étapes de travail par lesquelles on est passés, les premières directions, les premières intentions »... Autrement dit fini de cacher les traces de labeur, d’éponger les gouttes de sueur, mais au contraire les mettre au jour et les valoriser, et ainsi désacraliser la position de l’artiste. C’est « une occasion de partage, de discussion, quelque chose d’assez simple, d’informel, en bord de plateau » confie Bouba. Egalement l'occasion de découvrir sa future création, évoquant l’égalité et la fraternité à travers un voyage historique, grâce à « un travail de recherche pour intégrer la technologie, au travers du mapping, dans la scénographie ». L’occasion enfin, pour le public, en retour, de « nourrir l’artiste dans sa recherche ».