et y a hiverné pendant trois mois. Quand d’autres vont au bout du monde chercher l’inspiration, Lucien Suel a répondu à l’appel de Benoît Verhille et des éditions de La Contre-allée pour mener à bien un projet de croisement littéraire et musical avec l’accordéon diatonique de Laure Chailloux, une fivoise, dans le cadre des résidences d’artistes « En Aparté » imaginées par ces éditions, qui décidément ne font rien comme les autres. A noter par ailleurs l’excellente idée de faire enregistrer les ouvrages par les auteurs dont la version audio est à la disposition de tous sur le site de la Contre Allée.

Comme dans ses romans précédents, Mort d’un jardinier et La patience de Mauricette, Lucien Suel aime jouer avec les mots, les assembler de manière incongrue, les faire sonner, résonner, et claquer à la manière d’un slam. Quand la poésie rencontre l’histoire sur les trottoirs de Fives, elle s’habille de briques, la rouge, celle qui a construit les rues du quartier, de la sueur des ouvriers et du bruit des ateliers quand ceux de Fives-Cail-Babcok tournaient à plein régime, du vide aussi laissé par leurs fermetures et de bribes de l’Internationale créée à Fives par Pierre Degeyter. Une belle réussite littéraire au service de la mémoire collective sociale et culturelle d’un quartier.