Petite démo de la Cie Zahrbat pour commencer : une musique aux notes orientales, slamée par moments, deux danseurs assez différents, l'un en souplesse et légèreté, l'autre en énergie et dynamisme. Le spectateur se sent tout de suite happé par la musique percutante et douce, la force et l'agilité de ce duo, à la fois physique, sauts, moments au sol, figures, et artistique, message et poésie se dégageant peu à peu. Sans oublier la calligraphie projetée, traçant les mots absence, séparation...

Puisque le nom du spectacle, El Firak, signifie séparation, d'avec sa famille, son pays. La compagnie a été créée par Brahim Bouchalem, Zahrbat du nom du solo présenté juste avant le duo, un hommage au père du chorégraphe. Une compagnie désormais accompagnée par le CCN, « le temps qu'elle soit viable, d'échanger avec Carolyn Carlson. Progressivement peut-être, Brahim lâchera son travail d'interprète pour s'y consacrer », espère Yannick Marzin, directeur délégué du CCN. Un rêve pour le chorégraphe : « une porte s'ouvre ! Jouer ici, c'est réaliser le rêve que j'avais plus jeune en passant devant la salle ! »

Yannick Marzin renchérit : « Roubaix, berceau du hip hop, a un rôle à jouer dans sa nouvelle évolution, le hip hop d'auteur, qui va vers la narration... » Sagy Bensallah, du collectif 6ème sens, qui présentera Clepsydre, un spectacle sur le temps, aime cette définition : « C'est vrai que , si le côté performance physique fait toujours partie du hip hop, on veut désormais proposer autre chose. » Les deux collègues roubaisiens – le collectif 6ème sens se définit comme « coliséen », ses membres ayant grandi à deux pas de la salle – l'affirment, le hip hop va perdre son étiquette « ceux qui tournent sur la tête » pour une danse ouverte à d'autres disciplines, avec l'envie de porter un propos. Ne ratez pas ce hip hop qui a des choses à raconter, des spectacles interprétés par « des compagnies parmi les meilleures en France », foi de Yannick Marzin.