Sortir : La part de l’autre, un titre plutôt énigmatique pour un spectacle de danse...
Sabine Samba :
C’est d’abord le titre d’un livre que j’ai lu il y a quelques années. Lorsque j’ai créé ce spectacle, ça m’est directement venu à l’esprit. Ce titre retransmettait exactement les thèmes que je voulais aborder : quel est cet autre en nous,  cette part de l’autre présent en nous ?...

Sortir : On a l’impression d’un véritable "show philosophique"…
S. Samba
 : En fait c’est l’histoire de deux femmes modernes qui partagent le même appartement. Toutes deux sont pleines de doutes, en quête d’identité. Elles cherchent chacune à vaincre un traumatisme, l’un affectif, l’autre sexuel. Maria Filali et moi tentons de retransmettre à travers nos univers artistiques, le tango et le hip hop, l’état d’esprit de ces jeunes filles. L’idée n’est pas de mélanger nos deux univers, mais plutôt d’aller volontairement sur nos terrains respectifs afin de mieux symboliser l’incommunicabilité du couple. Ma volonté première, c’est d’interroger le public, qu’il se pose des questions à la  fin de la représentation.

Sortir : Vous parlez donc aussi des rapports conjugaux ?
S. Samba 
: Oui et on joue beaucoup  sur l’ambiguité sexuelle, en navigant en permanence entre le féminin et le masculin. Beaucoup pensent que l’on présente un spectacle sur l’homosexualité... ça ne me dérange pas, chacun l’interprète à sa manière, ce n’est pas l’objectif au départ, mais tant mieux s’il existe plusieurs évocations. Il faut laisser la place à l’imaginaire.

Sortir : Comment retransmettre cette histoire à travers la danse ? Y-a-t-il une part de jeu théâtral ?
S. Samba
 : J’essaye de transmettre ces idées à travers les signes, la gestuelle, mais aussi un texte en voix off, en faisant également appel à une amie, la dramaturge Eva Dumbia, pour la mise en scène. Même si l’idée part de moi à l’origine, je travaille en équipe. Je collabore aussi avec un vidéaste, un compositeur, et bien sûr ma partenaire de scène, Maria.

Sortir : Et donc pourquoi avoir choisi ce thème sur les femmes ?
S. Samba 
: J’ai toujours abordé la condition féminine dans mes créations : j’aime contribuer à ma façon pour la cause des femmes. Je pense qu’il est toujours difficile pour certaines de s’imposer dans certains milieux, comme le hip hop par exemple… En général,  nous sommes toujours considérées comme des objets dans la société. Mon opinion c’est qu’il nous faut assumer nos formes et le regard des autres.

Sortir : Vous n’êtes pas fâchée avec la gent masculine au moins...
S. Samba 
: Pas du tout ! Au contraire les hommes sont les bienvenus à la représentation. Et puis, moi vous savez ce que je préfère chez les eux, c’est leur part de féminité…