Black is beautiful !

Dire que The Roots ont perdu de leur splendeur n’est pas faire offense au plus grand groupe de hip hop de l’histoire contemporaine. Cela s’explique assez simplement d’ailleurs. En Conscience, ce groupe qui incarne à lui seul plus de 50 ans de musiques afro américaines, a nécessairement radicalisé son propos comme sa musique sous le règne de Bush. Et point besoin d’être éditorialiste, observateur avisé de la civilisation américaine pour s’en apercevoir. Suffit simplement d’écouter les derniers disques, de regarder attentivement les visuels choisis par le groupe pour bien saisir le virage pris par les Philadelphiens. Certains ajouteraient que la signature avec Def Jam a forcément influencé les choix du groupe. Il ne s’agit pas ici de condamner le tournant « radical » mais simplement de constater que, dans ce registre, la maestria du groupe ne transparaît plus aussi nettement que par le passé.

Disons simplement que le hip hop organique et fédérateur du début s’est mué aujourd’hui en rap réaliste et percussif. Sur The Rising Down, dernier album en date du groupe, le groove a du plomb dans l’aile. Il a été relayé au second plan au profit de la verve énergique et physique d’un Black Thought qui, soit dit en passant, prouve qu’il demeure un brillant rappeur. Faut peut être simplement admettre que le terreau qui a fait jaillir ces brûlots s’est lui aussi profondément transformé et que continuer à produire un hip hop à l’ancienne sous le gouvernement Bush aurait relevé de l’autisme. Radical, The Roots demeure toutefois l’un des rares groupes de rap US à défendre sur scène, partout dans le monde, ses albums. Et sur ce terrain, quoi qu’on en dise, il reste la meilleure formation sur la place. Le contexte politique ayant été bouleversé, il faut donc s’attendre à une prestation épique et de nouveau festive sur la scène de l’Aéronef. Histoire de prouver que la couleur noire peut tout à la fois signifier radicalité et fierté autant que joie et ambition.