La virée commence comme une promenade de santé : Ryan Gosling, sous les traits d'un cascadeur pour le cinéma le jour, expert en conduite musclée la nuit, assure le transport de criminels dans des opérations minutées. En rentrant chez lui, il sympathise avec Irene (Carrey Mulligan, vue dans Wall Street 2), une voisine qui élève seule son jeune garçon en attendant que son père sorte de taule. On voyait venir les prémices d'une intrigue sentimentale bas de plafond. Mais trop convenue pour être de Nicolas Winding Refn, réalisateur de l'implacable Pusher, plongée foudroyante dans le milieu des narco-trafiquants, qu'il développa en trois épisodes. Jusqu'à ce que Standard, mari de la jolie voisine ayant purgé sa peine ne rentre à la maison et que des associés d'hier ne viennent perturber le tableau. Pour protéger ses seuls amis, notre cascadeur ne reculera devant rien, ne lésinant sur aucun moyen pour dessouder les hommes qui se dressent sur sa route.

L'effet de surprise voulu par le réalisateur danois pour son expérience américaine fonctionne à plein et le reste du film se poursuit à tombeau ouvert. Sous les lumières de Los Angeles, on retrouve les sensations d'un film de Michael Mann, comme Collateral mais avec l'empreinte marquée d'une série B que n'aurait pas renié un certain Tarantino. Les punchlines fusent et le sang gicle tout au long de ce rodéo urbain, expédition punitive où Ryan Gosling révèle toute la dualité de son personnage. Le reste du casting ne déçoit pas non plus, le rôle du bad guy de service échouant à l'excellent Ron Perlman, « la gueule de l'emploi » qui fait à chaque fois son petit effet depuis La Cité des Enfants perdus. Le choix du Festival de faire place nette à une série B séduit. En espérant que le Palmarès ne le laisse pas au bord de la route.