À Muzzix et Métalu A Chahuter, on n'aime pas les étiquettes. Les deux collectifs, foisonnants et drôlement inventifs, outre qu'ils s'ingénient à échapper à toute tentative de description trop précise, envahissent ensemble, le temps d'un week-end, les espaces de la Gare Saint-Sauveur. L'occasion de montrer qu'expérimentation peut rimer avec popularité et ouverture.
Pas qu'on ne le sache pas, mais parfois les adjectifs qui accompagnent les propositions des deux collectifs peuvent interroger : « expérimentation », « dispositif », « aventure sensorielle ». Autant de propositions qui effraient à tort le spectateur casanier. Car si les 30 musiciens qui forment le collectif Muzzix et les nombreux artistes polyvalents qui composent Métalu A Chahuter ont bien une chose en commun, c'est l'invention. Ne comptez pas sur eux pour donner dans le spectacle balisé pour public assis et un peu endormi. En revanche, si vous cherchez à être surpris, à faire de jolis rencontres et à plonger dans des univers riches, leurs portes sont de celles qu'il faut pousser. Et ça tombe bien, ce week-end, elles sont grandes ouvertes.
Répartis entre les espaces de ce qui est devenu le cœur battant et un peu hype de la culture lilloise gratuite, les artistes s'en donneront donc à cœur joie dans leurs spécialités respectives. Si les installations restent disponibles tout au long de la journée, il faudra attendre le soir pour profiter des concerts. Tripatouilleurs géniaux, récupérateurs convulsifs, inventeurs de sons et de machines toutes plus originales les unes que les autres, Al1 & Ant1, sortes de Géo Trouvetout de l'expérience sonore invitent, dans la cours, à manipuler boutons et manettes pour, au fil de leur Karaoké électro-mécanique. Morceaux de guitares, de boîtes de conserve ou de circuits imprimés s'enchevêtrent incitant le visiteur à s'essayer à la création de sons. Jeu rigolo pour certains, l'ensemble peut finir par devenir un véritable instrument aux mains de connaisseurs. Enfants et parents adoreront.
Multiples approches
Dans la halle, c'est au fond du Sous-Bois imaginé et habillé par Delphine Sekulak que chacun pourra se perdre. Univers fantasmatique mêlant les ambiances et les influences, l'installation, au fil d'une série de robes blanches suspendues titille l'imagination des visiteurs donnant naissance à un parcours d'autant plus unique qu'on y croise des êtres différents à chaque passage. Du plus petit au plus grand, tout le monde sera au même niveau devant la force du voyage auquel invite cette proposition. Même voyage dans le Phonoscopie de Thiery Madiot et Yanik Miossec puisque 6 auditeurs s'y installent, yeux clos pour se laisser emmener pour un périple sonore à nul autre pareil. Enfin, les Minimondes de Sidonie convient enfants et parents à se retrouver autour de petits univers, recréés sur des tables que chacun pourra explorer à loisir avant que la musique de Laure Chailloux ne leur donne une présence sonore et musicale. Vingt minutes de bonheur à partager.
Sur la scène du bistrot, en deux soirs et sept formations, les oreilles iront des drôles de partitions générées aléatoirement pour L'orchestre au hasard jusqu'au mélange assurément déglingué mais furieusement drôle entre les textes de Robert Rapilly, le chant de Louise Bronx et la musique de Martin Granger dans les Tripes à l'air, proposition de concert autour des faits divers. Avec cette boue, ils font de l'or. Gaw ! confronte et réunit en même temps deux guitares électriques, d'autres joueront à quatre saxophones, en trio de cuivre ou en mélange des genres (MaFalPa ou Intento).
Il ne faudrait toutefois pas ce rendez-vous masque la question du nouveau lieu promis de longue date à Métalu A chahuter...
