Anne Teresa De Keersmaecker choisi toujours soigneusement les musiques sur lesquelles elle a envie de travailler. Elle affectionne particulièrement les musiques anciennes médiévales et renaissance, Bach, Schoenberg, Webern et puis les musiques contemporaines. Elle se délecte avec les subtilités du contrepoint rythmiques du XIVe siècle tout autant qu’avec la musique épurée de Gérard Grisey, un des maîtres de la musique spectrale. Sacré défi que de poser des gestes sur des sons qui paraissent si peu dansant ! Et pourtant, De Keersmaeker réussi là encore le tour de force auquel elle nous a habitué, nous faire mieux entendre la musique grâce à peu de choses en vérité. Des danseurs chorégraphiant un espace silencieux – sensation étrange – et puis la musique sans le geste, ensuite, le mouvement pensé comme une ombre du son. Expérience déstabilisante. Et puis la respiration, le grincement des semelles, tout fait son, avec lenteur. La figure du cercle est omniprésente en référence au titre de la pièce Vortex Temporum (Le tourbillon des temps), au bord de la musique répétitive. Les musiciens d’Ictus sont intégrés à la chorégraphie et même le piano danse !

Encore une pièce minimaliste en forme d’énigme où le détail s’insère dans un continuum transfiguré par le mouvement au service d’une parfaite polyphonie de sons et de gestes. Magistral !