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conférences

La culture est ancestrale

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Beaucoup se souviennent de Bordeaux au XVIIIème siècle comme "la ville des Lumières",  entre culture populaire et flamboyance des élites. Une émulation novatrice « intense mais relativement courte », finalement concentrée dans la seconde moitié du siècle des Lumières.

Car Bordeaux au XVIIIème siècle, c'est avant toutes choses une culture dite « établie », reposant sur trois acteurs principaux : les universités (arts, droit, médecine et théologie), avec ses professeurs prestigieux et ses associations étudiantes (pourtant interdites, sur le papier), régulièrement instigatrices, à la manière de nos zinzins contemporains, de festivités diverses... mais aussi promptes à la revendication (les fameuses « montres de la jeunesse ») lorsque leurs privilèges, tels la gratuité aux théâtres, étaient menacés.
Deuxième pilier, l'Église, encore très influente, dans « le savoir et la diffusion du savoir » particulièrement. Ce sont les grandes cérémonies catholiques (naissances royales, canonisations, fêtes du calendrier...), véritables « spectacles de la culture bordelaise », les concerts d'orgue (Dom Bedos notamment, à Saint-Seurin et Sainte-Croix) ou la venue des meilleurs orateurs (Noël Lacroix) souvent ponctuée de bals et autres feux d'artifice. Enfin 1712 : naissance de l'Académie Royale de Bordeaux, où l'on retrouvait tous les intellectuels locaux (Montesquieu y est admis en 1716). Une élite qui se réunissait chaque jeudi pour traiter de projets ambitieux, tels l'histoire de la Guyenne, la vitesse des bateaux, les eaux minérales... également organisatrice d'expériences-spectacles payantes ouvertes au public, souvent achevées en fiasco : le dirigeable qui n'a jamais décollé ou la foudre abattue par erreur sur le café à la mode du moment...

EFFERVESCENCE

Mais c'est bien à  la fin du XVIIIème siècle que la vie s'intensifie à Bordeaux, marquée par une culture plus libre et éclatée. Symboliques, les salons bordelais, qui se multiplient (par communauté professionnelles et religieuses) : le plus connu, celui de "Bérénice" (Madame Duplessis), qui attirait tous les érudits et mélomanes du moment (Bell, Barbot, Montesquieu...) ; le plus débridé, celui du Duc de Richelieu (gouverneur de Bordeaux), ode au savoir-vivre libertin : au programme discussion philosophique puis représentation théâtrale avant de finir sur des « fêtes galantes et arrosées avec les plus belles ballerines de Bordeaux », dont une certaine Mademoiselle Dix-neuf...
Sur le même principe, nombreuses également, les réceptions privées, organisées en famille pour la plupart : les frères Sarot par exemple, friands de concerts classiques de qualité, ou encore les Latour, entre concerts, lectures publiques et jeux de cartes. C'est également l'apparition de loges maçonniques (l'Anglaise, la Française, l'Amitié) et des moeurs très prisés des Bordelais, entre fêtes, banquets du dimanche et solidarité. Enfin 1783 : naissance de la Société littéraire du musée de Bordeaux, créée par l'abbé Dupont-Desjumeaux « pour éveiller le goût des sciences et des lettres ». Une existence courte mais marquante, avec des conférences sur la peinture, des récits de voyages, des concerts, des « oeuvres poétiques » ou la présentation de projets bordelais, tels la rocade fluvial. Pas si éloigné que ça...

Publié le 22/12/2009 Auteur : W. Do Nascimento

La vie culturelle à Bordeaux au XVIIIème siècle, par François Cadilhon, Université de Bordeaux 3. Retrouvez toutes les conférences du Musée d'Aquitaine dans l'agenda.


Mots clés : conférence