Pour pas mal de jeunes et moins jeunes gens de ma génération, les mots Ethiopie et Musique mis côte à côte évoquent de tristes souvenirs. Vous vous souvenez de cette époque où l’on nous faisait chanter notre We are the World à nous, un bol de riz à la main, une larme à l’œil ? Tout cela n’a pas changé grand-chose à la faim dans le monde mais a sans conteste ruiné la culture musicale d’une génération. A eux seuls, les Bretons de Badume’s Band font figure de résiliants. Car, peu le savent, mais la musique éthiopienne a traversé les âges et l’on redécouvre aujourd’hui, à la faveur de la brillantissime série « Ethiopiques » ou au hasard de la BOF d’un Jim Jarmush, l’incroyable diversité musicale de ce  pays d’Afrique de l’Est. Que des Bretons se soient amourachés de cette musique hypnotique et swinguante pourrait relever du gag ou de l’incongruité.  Mais l’histoire du Badume’s Band ne relève en rien de la plaisanterie. Ce n’est pas pour rien si les stars d’Addis, Mulatu Astatake ou Mahmoud Ahmed, ont accepté de partager à plusieurs reprises la scène avec eux. Pour tout dire, ce groupe aurait sans nul doute tenu la dragée haute à toutes les formations éthiopiennes qui animaient dans les années 70 les clubs du pays. Voilà pourquoi vous pourrez découvrir lors du Festival des Mondes Pluriels non pas un groupe breton, mais plutôt des Brethiophiens.