Sarah McCoy ne fait pas de chichi. Dans les bouges où elle se produisait jusqu'à peu, nul besoin d'invitation, juste d'être bien rancardé pour tomber sous le charme de cette ogresse. Derrière son piano, d'une voix puissante elle convoque esprits et clichés. La France adore projeter ses fantasmes dans ces grands messes quasi vaudoo où Janis Joplin, Nina Simone, Amy Winehouse et l'armée des ombres du blues de la loose débarquent dépenaillées. Au- delà de la performance, Sarah McCoy parvient à rénover « une musique qui ne ment pas ». Ne pas trahir l'esprit, mais en siphonner l'essence à plein poumon pour faire carburer le moteur et tenir le show. Outragé, brisé, martyrisé, mais libéré de son formol, le blues retrouve ici une certaine jeunesse, avec un petit côté punk pas si éloigné que ça de ses origines. La source de jouvence coule dans le caniveau.