Déjà, le premier tome avait jeté les bases d'une aventure singulière. Largement nourri d'influences mythologiques mais pourtant très peu bavard, Alice y posait les bases d'une relecture du vaste opéra du Ring qu'il prolonge avec la sortie de La Walkyrie. Reprenant la recette du tome 1 (grande liberté narrative, explosion des cadrages traditionnels, invasion d'une page ou d'une double page complète) l'auteur y met en scène un Siegfried résolu à échapper à la forêt qui l'a vu grandir pour affronter son destin et trouver le monde des hommes. Au travers de vastes paysages où les êtres vivants n'ont que peu de place, Alex Alice laisse libre cours à la démesure de sa créativité et au dynamisme de ses compositions servant à merveille l'ampleur du propos tiré de Wagner. Pas pesant pour autant le récit alterne entre une vision proche du drame romantique et un regard plus détaché, notamment à travers le personnage de Mime, contrepoint 'léger' au poids du destin d'un Siegfried, aux prises avec monstres et dieux. Presque absent, le texte est moins un moteur qu'un appui que l'auteur utilise au même titre que le découpage pour rythmer son récit. Les 72 pages, très fouillées, passent rapidement et on se prend à s'y replonger pour détailler la minutie et la puissance d'évocation des compositions de l'auteur. Pour peu on jurerait presque que l'ensemble a été dessiné en musique... Assurément un beau pari qui devrait trouver sa conclusion l'an prochain, avant la réalisation d'un long-métrage.